DOSSIERS SANTÉ

Migraine, maux de tête et céphalées

Les céphalées, mieux connues sous le nom de maux de tête, constituent l'une des affections neurologiques les plus courantes et sous-estimées malgré leur prévalence élevée. Bien que non mortelles ni contagieuses, leur impact sur la qualité de vie est significatif.
Les céphalées : un symptôme, pas un diagnostic

Selon la troisième édition de la Classification internationale des céphalées (ICHD-3), il existerait plus de 200 pathologies liées aux maux de tête. Celles-ci sont regroupées dans deux principales catégories : les céphalées primaires et les céphalées secondaires.

 

Céphalées primaires

Les céphalées primaires englobent divers types de maux de tête tels que la migraine, la céphalée de Horton et la céphalée de tension, et ont pour particularité de ne pas être causées par une autre condition médicale sous-jacente.

Céphalées secondaires

Les céphalées secondaires résultent d'une cause identifiée, incluant le mal de tête comme symptôme, telles que les traumatismes crâniens, les infections ou les atteintes vasculaires. Ces céphalées nécessitent une évaluation médicale approfondie pour éliminer toute origine potentiellement dangereuse. i

La migraine : plus qu’un mal de tête, une maladie neurologique

La migraine est la forme la plus fréquente de céphalée primaire, touchant jusqu’à 15 % de la population. i Elle fait le plus souvent son apparition à la puberté, puis persiste sous une forme récurrente tout au long de la vie, en se manifestant plus fréquemment chez les personnes âgées de 35 à 45 ans. On estime qu’environ 17 % des adultes québécois souffrent de migraines, dont seulement 40 % seraient diagnostiquées. Ce trouble neurologique est déclenché par l'activation de mécanismes cérébraux provoquant la libération de substances inflammatoires autour des nerfs et des vaisseaux sanguins de la tête.

Les crises migraineuses sont trois fois plus répandues chez les femmes que chez les hommes, la différence s’accentuant à partir de la puberté. ii Selon les études, cette disparité semble être liée aux fluctuations hormonales aux cours de la vie des femmes telles que lors du cycle menstruel, de la grossesse, l’allaitement ou encore la ménopause. iii iv Cependant, plusieurs facteurs sont liés à une augmentation de la fréquence des crises migraineuses, comme la maladie, le stress, la détérioration de la posture ou encore des facteurs cervicaux aggravants.

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Dre Elizabeth Leroux, neurologue

« La migraine est une maladie qui affecte beaucoup de monde, à divers degrés de sévérité. Le fait qu’elle touche plus les femmes contribue à la stigmatisation. Les études démontrent qu’on ne prend pas la douleur des femmes au sérieux. »

- Dre Elizabeth Leroux, neurologue spécialisée en médecine des céphalées​

Comment distinguer céphalée et migraine?

La céphalée de tension est le type le plus commun de mal de tête, caractérisé par une douleur généralement légère à modérée associée à une tension musculaire, ressentie comme un bandeau autour de la tête. Elle peut être épisodique ou chronique et touche environ 3 % des adultes. Comparée à la migraine, elle est moins sévère, mais peut être incapacitante dans sa forme chronique.

Principaux symptômes de la céphalée de tension
  • Douleur légère à modérée
  • Sensation de tension musculaire autour de la tête, souvent en forme de bandeau
  • Peut durer de quelques heures à quelques jours
  • Plus fréquente chez les femmes que chez les hommes
  • Peut se présenter sous forme épisodique ou chronique i
Principaux symptômes de la migraine
  • Douleur modérée à sévère
  • Unilatérale et/ou pulsatile
  • Accompagnée de symptômes physiques concomitants tels que nausées, vomissements ou photosensibilité
  • Crises récurrentes pouvant durer de quelques heures à plusieurs jours
  • Peut persister toute la vie, avec une fréquence très variable allant de quelques crises par année à des crises quotidiennes
Migraine
Une approche holistique : habitudes de vie et traitement médical

Bien qu’elles ne permettent pas de les éliminer entièrement, certaines habitudes de vie peuvent permettre une diminution de la fréquence des crises migraineuses ainsi que de leur impact. De bonnes habitudes de vie peuvent aider, mais la migraine n’est pas la conséquence de mauvaises habitudes de vie. La migraine est une maladie neurologique qui nécessite souvent un traitement médical.

  • Identifier les déclencheurs de la crise migraineuse (par exemple, en utilisant un calendrier de crises pour relever les éléments communs) 
  • Avoir une bonne hygiène de sommeil, en dormant à un horaire régulier, entre 7 et 8 heures par nuit 
  • Bien s’alimenter : l’alimentation irrégulière et la déshydratation sont des facteurs favorisant l’apparition de crises migraineuses 
  • Limiter la caféine, qui est nuisible au sommeil et dont le sevrage peut déclencher des migraines i
  • Maintenir un poids santé, le surpoids étant associé significativement à une augmentation de la fréquence des crises migraineuses ii
  • Pratiquer des techniques de relaxation ou de méditation comme le yoga, le tai-chi, la méditation en pleine conscience, qui peuvent avoir un impact bénéfique sur la qualité du sommeil et la gestion du stress iii
  • Pratiquer de l’exercice physique modéré pendant 30 minutes, 2 à 3 fois par semaine – cependant, il s’agit d’une activité à éviter durant les crises, car elle risquerait d’aggraver la douleur. iv
  • Traitements de crise : anti-inflammatoires, triptans, gépants, anti-nauséeux. Éviter les opioïdes.
  • Traitements préventifs : plusieurs médications orales et suppléments disponibles, anticorps CGRP, gépants, toxine botulinique

La céphalée cervicogénique : un mal de tête provenant du cou

La céphalée cervicogénique fait partie des maux de tête qui ne sont pas occasionnés par un problème neurologique (comme la migraine), mais par une structure (articulation, muscle ou disque) qui vient de la colonne cervicale (cou). Un peu plus de 50% des céphalées cervicogéniques surviendraient après un whiplash (coup de fouet cervical).

céphalée cervicogénique
Principales caractéristiques
  • Céphalée unilatérale à départ occipital et qui peut irradier vers le front, la tempe et l’œil
  • Douleur augmentée ou diminuée par certaines postures ou mouvements cervicaux
  • Épisodes de douleur pouvant être de durées variables ou bien se manifester comme une douleur modérée, mais constante dont l’intensité fluctue dans le temps.
  • Douleur sourde et non pulsatile.
  • Possibilité de nausées/vomissements, étourdissements, vision embrouillée qui peuvent accompagner les douleurs
  • Histoire de trauma juste avant le début des symptômes (ex. accident d’automobile)
  • Douleur pouvant être améliorée par des injections cervicales spécifiques

Comment diagnostique-t-on la céphalée cervicogénique?

Le questionnaire et l’examen physique sont essentiels au diagnostic de la céphalée cervicogénique. Les trouvailles à l’imagerie médicale (RX, scan ou IRM cervicale) peuvent aider, mais le plus souvent ne nous indique pas la source de la douleur. Une façon de confirmer le diagnostic consiste à effectuer un bloc de la branche médiane de C3. Si cette intervention élimine la céphalée cervicogénique de façon temporaire, le médecin peut conclure qu'il s'agit bel et bien d'un céphalée cervicogénique. 

Que peut-on faire pour soulager ce type de céphalée?

Il existe trois avenues de traitements possibles pour traiter la céphalée cervicogénique :

  • Le plus important : la pratique d’exercices de renforcement des muscles péri-scapulaires. Ces exercices peuvent être enseignés par un physiothérapeute ou un kinésiologue. Le yoga, le rameur, le tai chi et le pilates sont aussi d’excellentes façons de renforcer la musculature.
  • La prise de médication. Les médicaments comme les gabapentinoïdes, l’Amytriptilline et la Duloxétine peuvent aider dans les cas de céphalée cervicogénique qui se prolongent plus de 3 mois.
  • Les infiltrations comme les blocs facettaires avec cortisone (à C2-C3 ou C1-C2) peuvent aider à soulager ou même résoudre la céphalée cervicogénique. Les blocs de branche médianes sont utilisés comme test diagnostique en vue de tenter une thermolésion (coagulation branche médiane) ou peuvent être à visée thérapeutique.
Dre Isabelle Denis, physiatre

« Du point de vue anatomique, certaines structures du cou peuvent provoquer des douleurs à la base du crâne, mais aussi jusqu’au niveau du front, de la tempe et des yeux. Ceci complique le diagnostic de la cause de la douleur et le choix du bon traitement.​ »

- Dre Isabelle Denis, physiatre spécialisée en atteintes spinales et céphalée cervicogénique

Des outils pour mieux gérer les crises

Outil d'autogestion de la migraine

L'outil d'autogestion de la migraine i, développé par Migraine Québec, est une ressource conçue pour ceux qui souffrent de migraine, quelle que soit la fréquence des crises. Conçu spécifiquement pour aborder les multiples aspects de cette condition, cet outil offre des stratégies bénéfiques pour mieux la comprendre et la gérer. Accessible gratuitement sur le site web de Migraine Québec, le guide d’autogestion propose une approche complémentaire au suivi médical, mettant l'accent sur des interventions non pharmacologiques efficaces.

Consulter le site de Migraine Québec

Une application pour vous aider à faire un suivi de vos crises

Selon les spécialistes en céphalée, la tenue d'un calendrier de migraine est l’outil le plus utile pour une gestion efficace de la migraine. Ceci permet notamment de relever les éléments communs et de mieux identifier les déclencheurs de la crise migraineuse. Pour vous aider dans cette tâche, l'organisme Migraine Canada met à votre disposition gratuitement l'application Calendrier Canadien des Migraines, recommandée par de nombreux cliniciens.

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Journée des femmes
Les femmes au coeur de la santé
Un panel pour démystifier les céphalées

Chaque année, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, la FMSQ tient l'événement virtuel Les femmes au cœur de la santé, mettant en lumière l'apport inestimable des femmes dans le domaine de la santé et de la société, tout en abordant un enjeu qui les concerne de près. En 2024, notre attention s'est portée sur les céphalées, plus particulièrement la migraine qui affecte trois fois plus les femmes que les hommes, et la céphalée cervicogénique.

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